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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/25

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— Attaqué les gens ! il n’aurait plus manqué que cela ! On s’en serait bien réjoui, car c’eût été une excellente raison de se défaire de lui. Non vraiment ; il n’a parlé que des choses du temps passé ; mais il a eu du succès, et c’est assez pour qu’on le déteste. Celui qui a plus d’esprit que les autres est leur ennemi.

Il y a une autre jalousie plus noble, que le Sicilien pousse à un degré qui s’appellerait de la folie en France : c’est celle causée par l’amour. Dans l’intérieur des terres, il n’est pas rare de voir le mari jaloux tuer sa femme, et cela ne fait aucun bruit. Les jeunes gens se défient si bien d’eux-mêmes sur ce point, que, pour se divertir en bonne intelligence, ils vont de leur côté, et laissent les femmes ensemble. Il suffirait de deux beaux yeux pour changer la partie de plaisir en querelle, et brouiller mortellement les amis. Aussi voit-on dans les fêtes des bandes de garçons qui jouent dans un coin ou boivent sous une treille, tandis que les jeunes filles dansent entre elles, ce qui paraîtrait fort étrange à notre jeunesse galante et