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de vos drames larmoyants, il est vrai que je languis, car vous donnez de l’ennui aux colonnes même du théâtre… »

Au ton qui règne dans l’attaque et la riposte, on voit que les poètes vénitiens se disaient assez crûment leurs vérités. Aujourd’hui que la guerre est finie et oubliée, il nous importe peu que les lois de la politesse n’aient pas été observées, cette façon hardie et personnelle de s’exprimer en présence d’un public intelligent, comme l’était celui de Venise au milieu du siècle dernier, a précisément quelque chose d’antique et d’aristophanien. Les allusions en sont plus faciles à saisir, le commentaire plus simple et moins arbitraire, ce qui dispense heureusement le biographe et le critique de faire effort d’imagination.

La famille de Gozzi était noble et originaire du Frioul. Il y a eu des Gozzi à Pordenone, à Udine, à Padoue, et même en Dalmatie. Si on voulait absolument expliquer pourquoi cet écrivain avait dans la plaisanterie une tournure d’esprit gauloise, avec l’humour du Nord