Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 253 —

ment sur l’épaule. Un grand gaillard qui avait écouté la conversation le salua poliment :

— Signor comte, lui dit l’inconnu, c’est moi qui suis l’homme à l’espingole ; vous êtes un brave gentilhomme ; renoncez à votre projet, car, au lieu d’un, nous serons six au coin de la rue, et nous massacrerons tout ce qui passera.

— Quand vous seriez vingt, répondit Gozzi, j’irai chez la Tonina ce soir ; nous verrons qui restera maître du terrain.

Le jeune Vénitien tourna le dos au Dalmate colossal et s’en alla préparer ses armes. Le soir arrivé, on ne trouva personne au coin de la rue. Les officiers soupèrent avec la courtisane, et Gozzi, n’ayant plus de coups de pistolet à tirer, s’en retourna sagement chez lui. Peu de temps après, à l’occasion du dimanche gras, la garnison de Zara donna un spectacle public et un souper à toutes les jolies femmes de la ville. Les officiers jouaient une pièce dans laquelle Charles Gozzi remplissait le rôle de Lucie, femme délurée du vieil avare Pan-