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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/274

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les sensations et les idées des hommes, et comme vous n’êtes pas femme, vous ne savez pas quelles impressions les choses de ce monde produisent sur l’esprit d’une femme.

Ce n’est pas une Dalmate qui aurait répondu ainsi. Gozzi, ayant trouvé pour la première fois une personne capable de le comprendre, entame des dialogues interminables, et s’abreuve des poisons anodins de l’amour platonique. Après un grand mois de conversations par la fenêtre, il voit un jour la jeune voisine se troubler en le regardant.

— D’où vient, lui dit-elle, que vous ne me parlez pas de ma lettre et de mon portrait ?

— Je n’ai reçu ni lettre ni portrait.

— Grand Dieu ! s’écrie la dame, quel est ce mystère ?

Au bout d’un moment, elle jette dans la chambre de Gozzi un billet où il trouve ces mots : « Soyez à vingt-et-une heures au pont Storto ; vous verrez une gondole fermée, avec un mouchoir blanc sur le bord de la fenêtre ; entrez dans cette gondole, j’y serai. » Gozzi