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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/279

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Puisque tu m’as juré sur l’honneur que ta belle voisine ne te tient pas au cœur, ton air sombre ne peut pas venir de mes assiduités.

Après le spectacle, l’officier entraîne toute la compagnie chez un traiteur. On soupe. La grosse blonde dévore, boit comme un chanoine, et garde le silence. Gozzi a des barres de fer dans le gosier qui ne laissent passer ni un morceau ni une parole. Enfin, il voit son camarade et sa maîtresse entrer dans une chambre dont la porte se referme au verrou. Lorsque les dames sont rentrées chez elles et que les deux amis se trouvent face à face, l’officier dit brusquement à Gozzi :

— C’est ta faute ; tu l’as voulu. Jamais je n’irais sur les brisées d’un ami confiant. Tu devais m’avouer que tu aimais ta voisine. C’est ta faute. Souviens-toi de la leçon.

Voilà comment Gozzi découvre qu’il a métaphysiqué pendant plus de six mois avec une Vénitienne délurée, parfaitement digne de figurer sur la liste de ses bonnes fortunes à côté des beautés de Zara.