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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/285

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Style pur et naturel, que le ribombo et le galimatias avaient détrôné depuis longtemps.

Tout le bien que les Granelleschi avaient fait se trouva détruit un beau jour par Goldoni, écrivain barbare, qui n’avait d’esprit qu’en parlant les patois de Venise et de chioggia. Goldoni, pénétré de la lecture de Molière, avait adopté ce poète pour son modèle ; mais comme il traduisait aussi les continuateurs de Molière, il se croyait sur les traces du plus grand comique du monde, tandis qu’il suivait à la piste Destouches et tous les auteurs de troisième ordre. Jusqu’alors la comédie italienne n’avait pas observé de règles. Les acteurs italiens ayant au plus haut degré le don précieux de l’improvisation, la moitié de la pièce était écrite, l’autre moitié abandonnée à l’inspiration des acteurs. La portion écrite était en toscan, l’autre en dialecte. Ce genre existe encore à Naples, où il jouit d’une faveur méritée. À Venise, quatre masques bouffons et improvisateurs revenaient dans toutes les pièces : le Tartaglia, bredouilleur ; le Truffal-