Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/299

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éclate de rire, et l’enchantement est rompu. Comme le parterre riait aussi, Truffaldin (Sacchi) lui disait avec attendrissement : « Hélas ! chers souverains de mon cœur, si le pauvre Truffaldin avait su que vous l’aimiez encore, il ne serait pas allé jouer en Portugal. » Cependant la fée, furieuse, se tournait vers le prince et lui lançait une horrible malédiction : « Sois donc guéri de l’ennui, mais sois amoureux des trois oranges d’or. Point de repos pour toi jusqu’à ce que tu les possèdes. Tu seras comme le quadrupède dans l’eau et le poisson dans un parterre de fleurs jusqu’à ce que tu aies conquis les trois oranges. » — « Eh bien ! disait Pantalon, courons après les oranges d’or. Ce n’est pas assez que d’être guéri de l’ennui, des comédies régulières et des vers martelliens ; il faut reconquérir aussi l’ancienne comédie, les bonnes fables de nourrices, la verve éteinte des masques nationaux, et les amusements oubliés de notre jeunesse. « Après cette introduction satirique commençait la poursuite des oranges ensorcelées, véritable