Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 316 —

ces mauvais tours ? Oui, évidemment. Cependant, au rebours d’Hoffmann, qui s’est cru plus tard affligé du même malheur, Charles Gozzi ne tremblait point devant ses ennemis invisibles. 11 s’irritait avec l’exagération italienne, et gardait son sérieux pour faire rire les autres. Ouvrons un peu les Contratempi :

« Oui, je suis né avec une étoile contrariante, dit Charles Gozzi. Si je voulais raconter toutes les malices dont cette étoile sardonique m’a assassiné, il me faudrait un gros volume. Pendant une certaine époque de ma vie (celle des féeries et des fables), quelque magicien m’avait ensorcelé, car mes contretemps allaient jusqu’à devenir aussi dangereux que ridicules. Je n’ai pas un physique qui ressemble à celui de tout le monde. D’où vient donc que dix personnes à la fois s’obstinaient à me prendre pour un autre ? À coup sûr j’étais ensorcelé.

« Un jour, à Saint-Paul, je rencontre un vieil ouvrier qui accourt à moi, se prosterne à mes pieds, embrasse ma culotte, et me sou-