Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/326

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chez la danseuse, je vais sur le pont San-Lorenzo ; je rêvais à ces méprises effrayantes. À côté de moi passe le célèbre professeur d’astronomie Toaldo, qui me connaît parfaitement. Je le salue ; il me regarde, ôte son chapeau avec gravité, et me dit : Adieu, Michel ! puis il s’éloigne comme une apparition.

« Un soir, il faisait très-chaud ; une lune resplendissante éclairait la place Saint-Marc ; je me promenais avec le patricien François Gritti. Une voix crie derrière moi : « Que fais-tu ici à cette heure ? Que ne vas-tu dormir, âne que tu es ? » En même temps je reçois deux coups de pied sur l’échine. Je me retourne furieux, et je vois le bon chevalier André Gradenigo, qui se confond en excuses, et s’écrie : « Ah ! ciel ! pardonnez-moi, seigneur Gozzi ; j’aurais juré que vous étiez Daniel Zanchi. — Pourquoi faut-il, lui dis-je, que vous me preniez pour un Daniel quelconque, et comment avez-vous de pareilles confidences à lui faire ? » Non, cela n’est pas naturel.

« Carlo Andrich est un de mes meilleurs