Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/340

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» On ne reverra plus de Truffaldin comme Sacchi, plus de Brighella comme Zanoni, plus de Tartaglia comme Fiorilli, ce Napolitain plein de feu, justement célèbre dans toute l’Italie ; plus de Pantalon comme Darbès, ce comique à volonté contenu ou impétueux, majestueusement bête, et si vrai que le bourgeois vénitien croit se mirer sur la scène quand il voit ce modèle parfait de ses ridicules. La Smeralda était un ange pour la grâce, une mouche pour la légèreté. Avec trois mots, ces gens-là auraient su faire tout une scène à mourir de rire. Jamais ils n’auraient souffert qu’une pièce tombât du premier coup. Ils en auraient plutôt fabriqué une autre sur le moment, et il fallait qu’on eût ri pour son argent, car ils étaient honnêtes, et du diable s’ils voulaient rendre le prix des billets. J’ai vécu avec eux pendant dix ans, au milieu du bruit, des querelles, des tempêtes, des injures, et avec tant de plaisir que je ne donnerais pas ces dix années pour tout le reste. Hors des affaires du théâtre, ces pauvres comédiens se