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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/342

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quetterie, leurs folles espérances de mariage, mettaient Gozzi dans la plus douce position dont puisse jouir un auteur. Tout alla le mieux du monde tant que le patron de la troupe n’eut de préférence marquée pour personne ; mais un beau jour, une œillade plus meurtrière que les autres et mieux ajustée pénétra jusqu’à son cœur : ce fut le signal de la discorde, de la désorganisation, et même de la décadence du poète comique.

Une actrice qu’il vit à Padoue, la signora Teodora Ricci, captiva tout à coup Charles Gozzi, à tel point qu’il négligea ses anciennes amitiés et ses intérêts pour être plus entièrement à son amitié nouvelle. Jamais il ne voulut avouer qu’il y eût de l’amour en jeu, et cependant il fit pour la signora Ricci plus que l’amitié seule n’oserait entreprendre. Cette jeune femme n’était nullement appelée par vocation à entrer dans la troupe de Sacchi. La comédie fiabesque et plaisante ne convenait pas à son physique sérieux, à sa diction déclamatoire, ni à son caractère violent et pas-