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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/363

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aux acteurs l’obligation puérile de porter sur leurs habits les couleurs qui sont dans l’âme du personnage, on se figurerait avec peine un Louis XI bigarré, un Philippe II chatoyant, ou un Richard III de satin rose. En somme, Modena est un artiste distingué, que le ciel a fait pour le ribombo sonore de la poésie italienne, et non pas pour une poésie sobre et concise comme la nôtre. Chacun a ses qualités ; l’hyperbole sied à l’Italien et l’ellipse au Français.

M. V… devait retourner en Bourgogne par le Simplon, et moi je devais rentrer par le Saint-Gothard. Le lendemain de la représentation de Modena, je conduisis mon fidèle compagnon aux messageries de Genève. Après quatre mois passés dans une intimité fraternelle, nous étions fort émus en nous séparant ; mais, selon l’habitude des gens du Nord, nous ne faisions point de phrases. L’émotion, qui délie si bien des langues du Midi, nous fermait la bouche. Quand nous parlions, c’était de choses étrangères à tout ce que nous pen-