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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/49

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nent à la ville les joues enflammées, avec des éclaboussures qui en feraient de bons modèles pour représenter Judith sortant du lit d’Holopherne ; et à ce propos, je regrette qu’Allori n’ait pas mis sur la belle robe de la Judith du palais Pitti quelques grosses traces de son meurtre. Lorsqu’on vient d’égorger un homme, fût-ce avec la permission de Dieu, la vraisemblance veut qu’on en porte la souillure.

Le retour à Palerme, au milieu de la bande ensanglantée des bonacchini, hurlant et chantant, les manches retroussées et les yeux flamboyants, nous parut moins gai que le départ. Une horreur invincible m’a toujours éloigné des gens abandonnés par nature ou par métier à l’instinct de la destruction. Le bonacchino nage dans la joie lorsqu’il a du sang jusqu’aux oreilles, et j’avoue que le jour de la pêche du thon il ne se montre pas sous des couleurs aimables. Je n’engage donc pas les lecteurs sensibles à rechercher ce triste spectacle, à moins qu’ils n’aient le système nerveux confectionné en barres de fer. Cela est bon pour