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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/94

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de leur beauté. Elles se prélassent en marchant, la tête haute, les épaules effacées, avec un air digne qui sied à leurs traits réguliers et sévères. En allant à l’église, le livre sous le bras, d’un pas grave et lent, elles semblent improviser un tableau de procession.

Depuis Velletri, deux chevaux étant boiteux, et le troisième attaqué du tétanos, nous nous cotisons pour prendre la poste. À la sortie d’Albano, la route tourne brusquement sous une avenue d’arbres, on descend une côte rapide, et tout à coup nous découvrons la vaste plaine au bout de laquelle paraît le dôme de Saint-Pierre.

— Voilà Rome ! s’écrie le Carthaginois.

Et la voiturée entière bat des mains. Le coup d’œil général de cette étrange campagne est celui d’un cimetière de géants. La terre « trop fatiguée de gloire pour daigner produire, » comme l’a dit Mme de Staël, est d’une couleur cadavéreuse, et n’a point retrouvé cette vie nouvelle qu’elle reprend sur