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— Alors Nârada fit entendre ces paroles à un démon du nom de Vrikâsoura : « Si tu veux obtenir ce que tu demanderas, dévoue-toi au service de Civa. »


— Là-dessus, ayant creusé un trou pour y déposer le feu destiné aux sacrifices à Civa, Vrikâsoura coupa son propre corps en morceaux à l’intention de ce dieu, et il le lui offrit sur l’autel. — Quand son corps eut été entièrement consumé dans ce sacrifice, il se coupa la tête et l’offrit de nouveau. — Lorsque Hara se manifesta, en compagnie de la déesse Pârvati, sa femme, et prit en main la tête coupée, en disant : — « Demande ! demande ! » ce démon exprima un vœu qui était un péché : — « Celui sur le front de qui je poserai ma main (dit-il), celui-là, dès que je le toucherai, qu’il meure à l’instant même. » — Lorsque le daïtya eut reçu cette faveur, il se mit à faire cette réflexion : — « Eh bien ! j’en ferai l’essai sur ces deux divinités elles-mêmes ; je verrai si je peux tuer et détruire Civa et Pârvati. » — Ayant ainsi pensé, le daïtya se prit à courir ; le maître des dieux se sauva, tant il avait peur ; — partout, partout fuyait Çankara (Civa), là où il espérait pouvoir se cacher. — À force d’aller d’un côté et d’autres, il arriva au paradis, et se hâta de chercher un refuge près de Balarâma et de Krichna. — Civa était donc venu se placer tout près de Krichna ; là aussi arriva Vrikâsoura (qui le cherchait). — Krichna-Hari prit alors l’apparence d’un vieux brahmane, et, de ses deux mains, traça un cercle avec son bâton. — Le daïtya s’inclina devant le (dieu déguisé en) brahmane, qui lui dit avec douceur : — « J’étais le prêtre officiant de ton père ; où vas-tu ? n’as-tu pas le temps de t’arrêter ? — J’ai entendu dire que tu servais Civa avec zèle, tu as sans doute obtenu de lui quelque faveur ? — Ce don que tu as reçu de Mahadéva, voyons, fais-en l’essai devant moi ! » — Le démon Vrikâsoura plaça sur sa main sa propre tête, qui fut brisée, et il mourut à l’instant.