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Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/314

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paient le camp de Satory et y étaient relativement assez bien ; ils avaient un abri ; ils cherchaient à se distraire. L’un d’eux tailla tant bien que mal des boules dans des morceaux de bois qui se trouvaient là, et ses compagnons essayèrent de déblayer et d’aplanir une place qui semblait favorable pour établir le jeu de boules… À peine avaient-ils commencé à gratter la terre, qu’ils trouvèrent des cadavres.

Un historien communaliste, M. Lissagaray, que M. Maxime Ducamp cite souvent comme bien informé, a raconté sur les prisons de femmes de Versailles des détails révoltants… Les prisonnières auraient été soumises à une ignoble visite, accomplie avec les formalités les plus insultantes… Je n’ai eu personnellement aucun détail sur ces faits.

Ce qui est incontestable, c’est que les malheureux Parisiens, arrêtés sur le plus futile soupçon, et soumis à ces tortures, étaient montrés à Versailles, par leurs gardiens, comme des bêtes curieuses. Des dames du monde, de beaux messieurs, étaient introduits dans les prisons comme dans une ménagerie. On faisait ses remarques. L’animal était tenu de se prêter à cette curiosité outrageante.

Quand M. Ulysse Parent arriva à Versailles, il fut placé provisoirement dans une salle basse du Château. La foule le suivit jusque-là avec des cris de mort. Ici j’emprunte une nouvelle citation à sa brochure (Une Arrestation en 1871), où j’ai déjà beaucoup puisé, mes lecteurs s’en souviennent :

« Subitement, la porte s’ouvrit et je vis entrer un groupe de gens bien mis, de tournure distinguée.

» Tout d’abord, je crus à quelque interrogatoire, mais, à ma grande surprise, ces nouveaux venus s’étaient contentés de tourner autour de moi, m’exami-