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Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/321

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L

LE XIIe ARRONDISSEMENT

Je cite quelques épisodes. Ils donneront l’idée de l’ensemble.

Dès la prise du quartier, on fut sans pitié. Un habitant de l’arrondissement me raconte les exécutions de la gare de Bel-Air. On y fusilla un poste de vingt-deux hommes et la cantinière. La fille de la cantinière, une jeune fille, fut percée à coups de baïonnette.

Puis, on amena encore à la gare de Bel-Air les prisonniers faits au poste-caserne no 1, près de la porte de Charenton : trente-trois hommes qui ne s’étaient pas battus. Après interrogatoire sommaire, on en fusilla trente.

C’est-à-dire cinquante-quatre cadavres, dont deux femmes, à la même place.

Le témoin qui me fournit ces faits a rencontré, le dimanche 28, près de la caserne de Reuilly, un chasseur à pied qui criait : « Je suis un misérable, » jetait son fusil à terre avec désespoir… il avait fait partie d’un peloton qui venait de fusiller son père !… Il ne s’en était aperçu qu’en visitant les cadavres.

Un de mes amis m’a raconté des traits analogues, mais moins tragiques, entre autres celui d’un officier de marine qui, au dernier moment, sauva son père qu’il était chargé de fusiller.

Le frère d’un de nos collaborateurs a été témoin du fait suivant :