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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/28

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la femme en lutte pour ses droits

C’est donc à tort que l’on stigmatise la prostitution. Dans la société actuelle, étant donnée la situation faite au sexe féminin, toute femme du peuple ne jouissant pas de facultés intellectuelles assez élevées pour lui permettre quelque espoir, qui s’adonne à la haute galanterie a raison de le faire. La vie d’une demi-mondaine étant de beaucoup préférable à l’existence de souffre-douleur départie aux femmes d’ouvriers : la fille d’ouvrier qui s’y détermine n’est en aucune façon immorale.

Ainsi à travers la diversité des milieux sociaux, l’asservissement de la femme est partout uniforme. L’homme seul est une personnalité qui compte ; la femme n’est qu’une esclave, une servante à tout faire ; et formée dès l’enfance pour cet emploi, elle en a la mentalité. Inférieure en intelligence, elle ne l’est pas ; les différents ordres d’études dans lesquels elle a réussi le montrent ; mais ce qui lui manque c’est le caractère, la dignité personnelle : le sentiment qu’on est quelqu’un et qu’on vaut quelque chose. Dans la science où à peine on vient de la laisser entrer, dans la politique où à peine en lui entr’ouvre la porte, la femme reste effacée et timide, comme hypnotisée par le prestige masculin. On l’a si bien dressée à faire abnégation de sa personne