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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/39

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la femme en lutte pour ses droits

D’autres enfin comprennent qu’il s’agit d’une injustice sociale ; celles-ci s’enrôlent dans le féminisme et réclament des droits égaux à ceux des hommes, mais le plus souvent, trop souvent, leurs revendications traduisent plutôt leur mécontentement personnel qu’un sincère désir de les voir se réaliser. Au fond d’elles-même, la plupart des féministes se disent qu’il serait bien dur d’avoir à gagner sa vie et qu’il est bien plus agréable de trouver un homme qui la leur gagne ; en somme pensent-elles, la situation serait encore tenable « si seulement les hommes faisaient leur devoir ». Les fadeurs qu’on leur débite sous le nom de galanteries, continuent à leur plaire et elles contestent un féminisme qui comporterait leur cessation. Celles qui ne sont pas mariées rêvent aux heures inoccupées, à l’homme riche qui les aimerait et qui mettant à leurs pieds sa fortune, viendrait changer d’un coup leur condition sociale[1].

  1. Il peut paraître contradictoire à une lecture superficielle, de blâmer comme nous le faisons ici, certaines militantes d’être des prostituées éventuelles, alors que plus haut nous légitimons la femme du peuple qui adopte la vie galante. En réalité la contradiction n’a pas lieu, par la raison que nécessairement la conduite doit être en raison de la situation occupée :

    Une femme du peuple, qui a toujours vécu dans un milieu grossier, qui ignore tout des revendications féministes, a raison de vouloir se servir, pour s’élever dans