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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/44

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la femme en lutte pour ses droits

à l’impôt sur le revenu, ou plus prosaïquement supputait les chances des candidats. Peu accoutumé à entendre une femme, il écoute d’abord, mais très vite la voix aiguë de l’oratrice se perd dans les murmures plus graves des conversations particulières. Pauvre petite voix des revendications féminines qu’on écoute d’une oreille distraite, parce qu’on ne la comprend pas. Elle parle en effet une langue inconnue et bizarre ; c’est qu’elle vient, oh ! de très loin ; de l’autre sexe.

Mais le matriarcat ne peut se réaliser tout de suite, on porte donc ses efforts vers des desiderata de réalisation plus aisée ; le féminisme se fait réformiste. Tenir le ménage, déclarent certaines, c’est un travail, pourquoi donc ne pas le rétribuer. La maternité, elle aussi n’est pas appréciée à sa juste valeur. Pour donner un citoyen à la société, la femme souffre d’abord d’affreuses douleurs et supporte ensuite, pendant des années, fatigues physiques et peines morales ; pourquoi la société ne lui en tient-elle aucun compte ? La maternité, c’est le service militaire de la femme, son impôt du sang à elle, aussi doit-elle être assimilée au service militaire des hommes. Combien les défenseurs du privilège masculin ont tort de reprocher aux féministes, l’abandon de leur sexe ;