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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/64

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la femme en lutte pour ses droits

nombre très sensible de libres-penseuses militantes ; celles-ci voteraient à gauche et la proportion serait rétablie.

Une autre objection est tirée de l’indifférence des femmes elles-mêmes à leur émancipation. Comme si chaque fois qu’il s’est agi d’un progrès social, on avait attendu l’avis de la majorité pour marcher en avant. Ce sont toujours, au contraire, les minorités d’élite qui ont décidé, et les majorités mises en présence du fait accompli, ont suivi docilement. Les hommes n’ont jamais eux non plus été majorité pour réclamer le droit de vote ; ils s’y sont montrés même très indifférents ; témoin ce qui s’est passé lors de la chute de Robespierre.

« Voilà que la Convention, revenant à la politique bourgeoise de la Constituante, s’apprête à détruire le suffrage universel dont Robespierre avait été le promoteur et dont elle-même était sortie. Eh bien, l’annonce et le vote des articles de la Constitution de l’an III, qui rétablissent le régime censitaire, qui rendent à la bourgeoisie son privilège politique, qui excluent les ouvriers de la cité et leur ôtent le bulletin de vote des mains, pour les reléguer de nouveau dans la classe inférieure des citoyens passifs, cette spolia-