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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/87

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la femme en lutte pour ses droits

par exemple être de même ordre que ceux conférés actuellement par un séjour aux colonies.[1]

Quant au mariage, nous sommes bien entendu pour sa suppression. La femme pouvant au même titre que l’homme pourvoir par son travail à sa subsistance, point ne sera besoin de réglementer l’union des sexes ; elle se fera au gré des individus et sera de domaine privé. Ce serait une erreur de croire que de cette liberté doive découler un débordement de débauche sexuelle. Actuellement l’amour libre n’est pas réalisable, car la femme ne pouvant assurer par son travail son existence,

  1. Ceci n’est pas, quoi qu’il puisse en sembler, en contradiction avec ce qui a été dit plus haut ; à savoir que la maternité ne doit pas être revendiquée par les femmes à titre d’équivalent du service militaire. Plus haut nous nous plaçons au point de vue de la tactique d’une organisation qui a pour but d’obtenir ce qu’elle n’a pas encore à savoir : l’égalité des sexes ; et nous montrons que cette égalité sera plus vite obtenue, si simplement sans objections les femmes assument les responsabilités et les obligations que les détenteurs actuels de la puissance affirment être les corollaires des droits. Une fois l’égalité sexuelle réalisée, si on constate que la maternité diminue, on pourra y attacher les avantages qui inciteront les femmes à y consentir ; mais cette maternité ne sera jamais considérée comme l’équivalent chez les femmes d’une fonction accomplie uniquement par le sexe masculin ; elle sera l’un des devoirs sociaux désagréables, auxquels la collectivité prévoyante attachera des compensations agréables ; afin que les individus s’y soumettent sans difficultés.