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Page:Pellissier - Le Mouvement littéraire au XIXe siècle, 1900.djvu/221

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CHAPITRE VII

LA CRITIQUE

Le xixe siècle renouvela la critique en la faisant rentrer dans l’histoire. Elle devint une interprétation des ouvrages littéraires, considérés comme le tableau le plus fidèle et le plus expressif de la société qui les a vus naître. Jusqu’à notre époque, la critique avait consisté à appliquer des lois universelles, qui régissaient de haut toute production de l’esprit, et des formules spéciales, qui fixaient le caractère de chaque genre. Elle rendait des sentences. Elle envisageait les œuvres indépendamment de toute relation avec le temps et le milieu. Elle les isolait des circonstances particulières et des conditions locales pour les examiner en elles-mêmes sans autre terme de comparaison que son idéal abstrait. Entre l’écrivain et l’écrit elle ne saisissait aucune liaison nécessaire. Elle était purement dogmatique et spéculative ; elle n’avait d’autre instrument que la raison générale et abstraite servie par un goût plus ou moins délicat, mais uniquement appliqué à saisir des qualités et des défauts comme la raison l’était à confirmer des règles.

Un grand débat littéraire, la querelle des anciens et des modernes, remplit presque toute notre période classique. Ce débat aurait dû, semble-t-il, introduire l’histoire dans la critique. Mais aucun des deux partis n’a le sentiment des diversi-