Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sans qu’elle reçût ses lettres, et malgré l’expérience qu’elle avait acquise de ces retards perpétuels, elle ne pouvait s’empêcher de s’en alarmer. Il faut convenir que la vie isolée qu’elle menait à Mohilew, sans distraction, ni ressource de société quelconque, était bien faite pour augmenter ses ennuis. Une inquiétude venait encore s’ajouter à son chagrin. Elle connaissait la jalousie du comte, et certaines phrases de ses lettres pouvaient lui donner à penser qu’il était fort préoccupé de ses voyages à Mohilew. Il lui avait désigné Horwol comme séjour, sachant que là elle ne pourrait voir personne. Mohilew servait au contraire de passage pour se rendre à Pétersbourg. Hélène v avait vu la comtesse Branicka, la famille de l’archevêque, le comte Esterhazy : tout cela suffisait pour éveiller les susceptibilités du comte et ses instincts jaloux. Enfin les lettres arrivèrent et le Grand-Chambellan, voyant l’impossibilité de terminer la légalisation de l’acte lui-même, à cause des retards sans cesse renaissants, se résolut à quitter Pétersbourg en y laissant deux secrétaires chargés de ses pleins pouvoirs. Il les plaça sous la direction du prince Kourakin et annonça enfin son retour à Hélène. Celle-ci avait deviné juste, au