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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/149

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sa pensée aux sièges de Belgrade et d’Oczakoff.

Le plus artistique chaos régnait dans les livres et les mantscrits : un billet parfumé marquait une page de l’Esprit des lois ; la Nouvelle Héloise était ouverte à côté des œuvres militaires de l’archiduc Charles ; on lisait tour à tour sur des feuilles fraîchement écrites des vers adressés à l’héroïne du jour, ou les beaux et chevaleresques récits de guerre qui abondent dans les Mémoires militaires et sentimentaires.

Sur le canapé qui servait de lit il posait un pupitre sur lequel il écrivait chaque matin, au hasard et sans suite, les remarques spirituelles qui se présentaient à son esprit. Aussi leste qu’à vingt ans, il sautait hors du lit lorsqu’il avait besoin d’un livre, grimpait sur le rebord de sa bibliothèque, prenait le volume et rentrait dans son lit, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Outre sa petite maison du rempart, le prince possédait encore au Leopoldsberg une habitation qu’il appelait mon Refuge, située sur la montagne du Kalemberg, qui domine Vienne et lui sert de piltoresque point de vue. Les bâtiments occupés par le prince étaient un ancien monastère supprimé par Léopold II, qui le lui donna. Sur la