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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/160

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Niemirow, ils se trouvèrent à bout de ressources et les deux jeunes filles, fort adroites et habiles aux travaux de femmes, furent réduites à utiliser leurs talents comme couturière et modiste.

Hélène, touchée de leur situation, demanda à son mari l’autorisation de les recevoir à Kowalowka. Si le comte aimait l’argent, c’était pour le dépenser ; il se montrait toujours fort grand seigneur dans les détails de la vie et il accorda sans difficulté l’autorisation demandée. Les Badens s’installèrent au château, et Hélène consigne leurs portraits dans ses notes avec une verve malicieuse qui rappelle ses Mémoires de l’Abbaye-aux-Bois.

« J’ai auprès de moi une famille d’émigrés composée du marquis de Badens, de sa femme et de leurs deux filles. Le marquis est un vieux gentilhomme d’une taille médiocre, fort sec et maigre ; il a servi autrefois et parle longuement de ses garnisons ; il a passé le reste de sa vie jusqu’à l’émigration dans son château de Badens, près de Carcassonne ; il jouissait de vingt mille livres de rente, peu d’esprit, fort dévot, fort ignorant, entêté de l’aristocratie et de l’ancien régime, du reste bonhomme fort poli, laid, un grand nez et une bouche énorme.