Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Les Badens et toutes les femmes d’Hélène assistaient à cette scène déchirante, glacées d’effroi en voyant la comtesse coller ses lèvres sui celles d’Alexis. L’enfant expira au milieu de la seconde nuit, et on parvint à emporter sa mère hors de la chambre. Une violente crise de nerfs la saisit et fut suivie d’un sommeil qui dura jusqu’au lendemain. Elle ne s’éveilla qu’au milieu du jour ; en revenant à elle, un flot de larmes vint la soulager ; elle n’avait pas pleuré une seule fois pendant la maladie d’Alexis.

— Où est-il ? demanda-t-elle à ses femmes, je veux le voir.

On avait profité du sommeil de la comtesse pour placer l’enfant dans son cercueil et le médecin avait défendu de laisser pénétrer Hélène dans la chambre. Prévenu de son réveil, il se hâta de se rendre auprès d’elle.

— Je veux voir mon enfant, dit-elle d’un ton bref, personne ne peut m’en empêcher.

Il essaya vainement de la retenir, elle sortit marchant comme une automate, entra dans la chambre de l’enfant, s’assit auprès du lit sans proférer une parole et regarda d’un œil sec tous les apprêts funèbres. On recouvrit le petit cercueil d’un linceul de satin blanc, on alluma