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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/21

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.


« Obodno, 10 heures du soir.


» Je descends de voiture, on change de chevaux, mes compagnons se jettent sur un jambon et sur une fricassée de poulet, et moi je cherche à me consoler en me rappelant à ton souvenir. Non, rien ne peut me distraire de ma cruelle séparation. Oh ! ma chère Hélène, si tu savais ce que je souffre, tu me plaindrais, tu m’en aimerais davantage.

» J’avais le cœur si serré en te quittant, je retenais mes larmes et suffoquais, c’est pourquoi je n’ai pu te dire une parole en montant en voiture. »


« Le lendemain.


» Il neige, il fait un vent horrible, nous sommes cependant assez bien venus. Mais cette neige rendra le chemin encore plus difficile. Le froid m’a engourdi, le sommeil a appesanti mes yeux ; mais tu sais, ma chère Hélène, que mon cœur veille toujours pour toi. C’est un plaisir, c’est un bonheur pour moi de te donner une nouvelle marque de mon tendre souvenir, dans un taudis sale et dégoûtant, au milieu de gens couchés par