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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/215

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

grande contrainte régnait dans la société ; nul ne savait si le lendemain il ne serait pas envoyé en Sibérie ou dans une forteresse ; les plus grands personnages, ceux qui étaient le plus avant dans les bonnes grâces du souverain, n’étaient jamais à l’abri d’une disgrâce subite ; il suffisait d’un caprice traversant ce cerveau malade pourboulèverser toutes les existences. Le ridicule et l’odieux se disputaient la palme dans les décrets de Paul Ier. Les notes de la comtesse en citent quelques exemples : « Un jour paraissait un ukase défendant de porter des fracs, des gilets et des pantalons, on devait revêtir un habit uniforme, des culottes, de grandes bottes à l’écuyère, même à pied. Un autre interdisait tout chapeau rond. Tantôt l’empereur défendait à l’Académie des sciences de se servir désormais du mot révolution en parlant du cours des astres ; tantôt il enjoignait aux comédiens d’employer le mot permission, au lieu de liberté qu’ils mettaient sur leurs affiches.

» Toute étoffe ou rubans tricolores étaient sévèrement défendus, deux gazettes ayant dit un mot mystérieux sur une tentative d’assassinat sur George III, elles furent immédiatement supprimées et toutes les personnes qui avaient osé se