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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/217

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Une tristesse morne régnait dans Saint-Pétersbourg : chacun tremblait pour lui et les siens ; la famille même de l’empereur n’était pas à l’abri de ses redoutables fantaisies, et la noblesse frémissant sous un joug qui devenait chaque jour plus cruel, laissait percer un mécontentement qui devait amener une catastrophe.

Le bruit se répandit sourdement que l’empereur se préparait à faire arrêter les grands-ducs et même l’impératrice, contre lesquels une monomanie de défiance l’irritait chaque jour davantage, il la poussa jusqu’à faire fermer tout à fait la porte qui conduisait de son appartement à celui de sa femme.

Les mécontents appartenant aux premières familles de la cour s’assemblèrent secrètement et d’accord, paraît-il, avec les grands-ducs, résolurent de forcer Paul d’abdiquer. On fixa le 23 mars pour l’exécution de ce projet, ce jour-là le bataillon Semonowski montait la garde au palais Michaïloff, qu’habitait l’empereur ; leur commandant faisait partie du complot. Les principaux conjurés étaient le comte de Pahlen, les Zouboff, le comte Benningsen, Tchitchakoff, Tartarinoff, Tolstoï, Iasselowitch et Ouvaroff. Dans la nuit du 23 au 24 mars, les conjurés pénétrèrent