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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/228

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

que n’étant pas resté seul avec son père, une effusion de tendresse eût été difficile. Anna soupira tristement et embrassa son fils pour cacher des larmes qu’elle ne put retenir.

Le comte Vincent quitta Leipzig avant Hélène afin de préparer de son mieux leur installation future : sa femme le suivit peu de jours après, voyageant à petites journées à cause de sa santé délicate. Avant de partir elle avait écrit à la princesse Lubomirska, dont elle ne recevait point de nouvelles, et lui témoignait son inquiétude En arrivant à Tarnow, la comtesse très fatiguée voulut y coucher et descendit dans une assez mauvaise auberge. Au bout de quelques instants, sa femme de chambre entra avec une mine bouleversée et lui apprit que la princesse Lubomirsku était morte dans cette même auberge un mois auparavant. Le saisissement d’Hélènc à cette nouvelle est facile à comprendre ; elle voulut quitter aussitôt cette maison de malheur, mais il n’y avait point de chevaux de poste et force lui fut d’y passer la nuit. Elle ne ferma pas les yeux ; l’image de sa pauvre amie l’obsédait et elle ne fut en état de continuer sa route qu’au bout de huit jours.

Ce retard inquiéta vivement le comte qui se demanda si sa femme aurait tout à coup renoncé à