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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/23

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.


LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT


« Il est huit heures du matin et on me remet ta seconde lettre, je la baise et la relis cent fois. Le punch que tu as pris me fait penser à notre bon punch, fait avec tant de soin et avec les fruits de tes orangers, à notre partie d’échecs jouée avec tant de chaleur et d’application, à nos douces lectures faites avec complaisance, lues avec tant de sentiment, écoutées avec reconnaissance, avec transport, et qui nous attendrissaient si fort tous les deux, quand nous y trouvions les expressions de nos âmes ! Quand reviendra ce temps heureux ? Jouirons-nous bientôt de cette vie paisible, dont l’amour troublait par moments la tranquillité ; mais s’il me faisait quelquefois répandre des larmes, j’en chérissais la cause, et le moment d’humeur passé, je n’aurais pas donné pour l’empire du monde ces nuages qui m’assuraient de ton amour.

» Reviens donc vite, mon cher Vincent, me rendre mon bonheur, ma joie, mes petits chagrins, mes larmes, car je veux tout, le moindre changement serait un malheur dont je ne trouverais la fin que dans la tombe.