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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/230

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

» Arrive et jè te réchaufferai contre mon sein, quand tu serais à moitié gelée. »

Quelques jours après, Hélène arrivait à Brody. L’habitation que son mari lui avait préparée était à côté du château, beaucoup plus petite, mais plus chaude, plus facile à meubler et à instalier confortablement que l’immense château inhabité depuis de longues années[1].

« Je suis arrivée à Brody à deux heures, écrit-elle sur son journal, je loge à Ostrowicz ; mon mari a fort bien arrangé la maison, j’ai trouvé des chambres chaudes ; la Karwoska et sa sœur la muette sont venues. La Kawoska sera auprès de moi, je l’ai chargée de la dépense[2] ».

Cette jeune fille fort bien élevée, jouant de la harpe, lisant à merveille à haute voix, servait à

  1. Brody est actuellement une importante ville de 25 000 habitants dont les sept huitièmes sont encore des Juifs polonais. Le château seigneurial des Potocki existe toujours, entouré d’un grand parc, mais la muraille d’enceinte est démantelée. Brody est à 88 kilomètres de Lemberg (Léopol).
  2. Nous avons déjà parlé de la coutume qui existait chez le grands seigneurs polonais et qui consistait à se faire servir par des gentilshommes pauvres, leurs femmes, leurs filles, sans que ceux-ci eussent ka pensée de faire une chose humiliante en acceptant cette sorte de domesticité. La Karwoska en est un exemple. On désignait les personnes qui remplissaient cet emploi par le nom de demoiselles.