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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/254

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

la salle à manger et, caché par les paravents, n’en perdait pas un mot.

Cette aventure mit le feu aux poudres, et le comte s’emporta avec la dernière violence. « Il m’a dit les’choses les plus dures, écrit Hélène, entre autres qu’il ne voulait pas avoir d’enfants de moi et que, même si j’étais grosse, il voulait que je partisse ! »

La situation n’était plus tolérable, la comtesse exaspérée, et ne doutant pas que l’influence de la Karwoska ne jouât un grand rôle dans la mésintelligence qui régnait entre elle et son mari, prit la résolution extrême de se séparer de lui !

Il fallait qu’elle eût enduré de bien cruelles souffrances pour en arriver là. Les lignes hachées de son journal en rendent témoignage : « Mon mari est venu ce matin chez moi, il avait l’air si froid et si faux que cela m’a mise au désespoir !… Mon chagrin m’empêche de dormir, je me suis relevée à minuit et je suis encore là sans pouvoir chasser mes tristes pensées !… » J’ai déclaré à mon mari qu’il n’avait qu’à m’assurer un sort et que je le quitterais, je crois qu’il ne demande pas mieux, il m’a répondu froidement qu’il m’assurerait mon sort dans deux mois… » Deux jours après le comte s’emporte de nouveau contre Hé-