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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

projet qu’il avait envoyé : il devait en connaître la formule puisqu’il se séparait pour la troisième fois. Après plusieurs heures de discussion entre ces messieurs, pendant lesquelles la comtesse garda le silence, elle se retira dans sa chambre, mais elle ne put dormir de la nuit.

Le lendemain, de bonne heure elle se rendit chez la princesse Jablonowska ; à peine arrivée, une voix se fit entendre dans l’antichambre, on insistait pour entrer. Au son de cette voix Hélène tressaillit et, avant qu’elle ait eu le temps de proférer une parole, la porte s’ouvrit et le prince de Ligne parut devant elle ! Rien ne peut peindre l’émotion terrible que ressentit la comtesse à cette vue. Il y eut une scène affreuse. « Nous pleurions si fort tous les deux, écrit-elle, que nous ne pouvions pas parler ; cela dura quelques instants comme cela, enfin la princesse nous laissa seuls. » Hélène ignorait que cette entrevue avait été secrètement préparée par son amie et le prince en ce moment à Léopol.

Quand la crise de larmes eut cessé, la jeune femme se jeta dans les bras de son beau-père comme un enfant qui demande à être consolé et, avec l’impétuosité naturelle à son caractère, elle lui raconta les scènes de Brody dans leurs