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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/277

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

fois à les fuir, mais un revirement singulier s’était opéré en elle dans un autre sens ; jamais, jusqu’alors, Hélène ne prononçait le nom du fils de son mari le jeune comte François : elle se mit tout à coup à en parler volontiers, et ce sujet d’entretien devint assez fréquent entre les deux époux.

Après avoir perdu tous les enfants d’Hélène, le comte sembla se souvenir qu’il avait un fils ou plutôt un héritier de son nom, de son titre et de sa fortune. L’entrevue qu’ils eurent à Leipzig au retour de Hollande contribua à réveiller ce semblant de tendresse paternelle ; le comte resta frappé de l’agréable physionomie, de la tournure élégante de son fils qui, malgré une excessive timidité augmentée encore par la présence de son père, avait les manières et le ton fort distingués.

Il pensa qu’avec un peu plus d’aisance et d’habitude du monde, le jeune comte serait plus tard un élégant cavalier digne de porter son nom, et sans devenir plus tendre ni plus généreux à son égard, il lui écrivit plus fréquemment et s’habitua peu à peu à penser à son avenir.

Hélène s’était aperçue de ce changement qui la blessa même au début, car elle nourrissait toujours l’espoir d’avoir d’autres enfants ; mais