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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/28

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Que mon sort est heureux, puisque j’étais destinée à éprouver une passion si forte, de l’éprouver pour un objet qui en soit si digne ! Ah ! je serais bien justifiée de t’avoir tout sacrifié, si tout le monde connaissait comme moi la bonté, la sensibilité, la sûreté de caractère et toutes les qualités de mon amant !

» De quoi ai-je donc été coupable et quelle est la femme tendre et sensible qui aurait fait moins que moi si elle avait été aimée ? Je t’assure que j’ai la conscience tranquille et paisible, preuve bien sûre que je n’ai rien fait qui blessât les lois de la morale.

» Adieu, mon cher Vincent, reviens vite, car je commence à compter les instants et il y en a beaucoup dans une journée ! »

Le comte passa deux longs mois à Dubno. Enfin le printemps arriva et, avec lui, la chaleur qui succède si rapidement dans ces climats à la rigueur de l’hiver. Hélène, enveloppée d’un peignoir de crêpe de Chine brodé, nonchalamment couchée sur un divan à la turque qu’elle avait fait installer sur la terrasse et préservée du soleil par une large Lente d’étoffes orientales, respirait avec délices cet air doux dont elle était privée depuis