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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/291

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

risation comme une abomination. Mais je me disais : On a trouvé tout cela si beau dans la paix de Westphalie, qui passe pour le plus bel ouvrage du monde, qu’on admirera peut-être sa parodie. Je ne donne pas le temps à l’abbesse de me recevoir au bas de l’escalier ; je grimpe vite les marches deux à deux pour aller lui baiser la main et lui dire devant ses dames, qui arrivaient l’une après l’autre, les choses les plus touchantes et les plus respectueuses, quoique ce fût en allemand puisqu’elle ne sait pas un mot de français.

» L’accent de la peine que je sentais leur faire suppléa apparemment à l’accent de la langue ; nous fûmes tous ou toutes attendris ; j’avais l’air, le jeu et l’effet de la douleur. Ensuite, ne voulant pas le gâter par quelque mot ridicule prononcé de travers, je fis un peu de silence ; puis du français pour essayer celui des chanoinesses ; puis encore un peu d’allemand qui me réussit assez bien par hasard. J’en ai pourtant ri moi-même pour qu’on se mit un peu à son aise et les petites se moquèrent les unes des autres pour leur français plus ou moins souabe. —

» Enfin les fronts se déridaient un peu, je remerciai l’abbesse de m’avoir demandé mon portrait, qui était dans son salon. On me regar-