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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/354

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.


« Paris, ce 5 juillet.


» Plus je réfléchis et plus je trouve que ce ne peut être qu’un mauvais génie, ennemi de ton repos et du mien, qui t’a inspiré le projet fatal d’aller en Pologne. Le retard des Ligne ne passera pas le 10 juillet, la Grande-Chambellane devait aussi être de retour pour cette époque ; quel prétexte ne lui donnes-tu pas pour quitter Tœplitz ou même pour n’y pus venir quand elle te saura éloigné ? Ce mariage est manqué, au reste je l’ai pris en horreur ! J’ai passé une nuit affreuse. Entouré comme tu l’es, je ne vois pour moi qu’une suite de peines qui me font désirer bien sincèrement le repos que je n’ai jamais trouvé avec toi et qui n’existe plus pour moi que dans un autre monde ; tu te laisses effrayer par des fantômes et tu rejettes tous les moyens de bonheur qui t’étaient présentés ; quant à moi, l’idée de mourir me paraît bien consolante auprès de ce que je souffre. Je laisserai triompher ceux qui avaient à se venger de moi, mais il faudrait qu’il n’y eût pas de justice divine pour que l’auteur et le complice de mes folies vive heureux, et puisse éprouver les douceurs réservées aux âmes pures pendant que, seule, j’aurais été la victime