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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/366

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.


« 15 août.


» Je sors de Notre-Dame et je m’empresse de t’écrire ; d’abord j’ai vu l’empereur parfaitement ; la travée où j’étais est au-dessus de l’autel et le trône presque en face. Je ne veux pas te parler premièrement de sa personne avant son arrivée ; j’ai pu considérer l’église, la pompe, etc., mais du moment qu’il a été là mes yeux et ma pensée ne l’ont pas quitté. Il n’est pas grand, mais, soit que mon imagination frappée de l’idée de sa puissance m’ait prévenue, je lui ai trouvé de la dignité dans la démarche et le maintien ; il est gros, mais on voit que ce n’est pas la graisse, ce sont des membres nerveux et ramassés qui donnent plutôt l’idée de la force que de l’embonpoint ; je viens à la tête. Oh ! pour cela, on ne peut lui disputer un grand caractère, prononcé en tout genre ; rappelle-toi toutes les actions de sa vie, tu les y verras peintes, sa physionomie passe de l’expression la plus sombre à la douceur la plus angélique, son sourire est un ciel orageux qui s’éclaircit ; que puis-je te dire ? la tête de l’Apollon ou toute autre d’une beauté grecque n’irait pas à ce qu’il est, à ce qu’il a fait, comme la sienne ; elle ne peindrait pas aussi bien son