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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/39

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

le comte des pires intentions. Dans une lettre fort dure, il déclara que « le Grand-Chambellan n’avait eu d’autre mobile dans cette affaire qu’un sordide intérêt et que, sans souci de compromettre une femme qui lui avait tout sacrifié, il lui suffisait d’être maître de sa fortune sans se soucier de légaliser un mariage devenu inutile ». L’évêque témoignait aussi l’indignation qu’il éprouvait d’une trahison qui, à coup sûr, donnerait beau jeu à ses nombreux ennemis. Il terminait en annonçant qu’il partait pour Varsovie, faisant retomber sur Hélène et son mari tout le poids de son mécontentement, refusant désormais de s’occuper de leurs affaires.

Tel fut le récit qu’Hélène écouta atterrée. Pendant que son mari parlait, les idées les plus sinistres se croisaient en désordre dans sa tête. Son mariage déclaré illégal, les accusations de son oncle contre son mari peut-être fondées, l’avenir d’Alexis compromis, toutes ces pensées lui perçaient le cœur comme une lame d’acier. Sans proférer une parole, elle regarda le comte avec une expression si désolée qu’il ne put se méprendre sur ce qui se passait dans son esprit. Il la pressa tendrement dans ses bras, il lui jura avec l’accent de la vérité que jamais rien ne les pourrait séparer.