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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/402

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

tements. Ce passé évanoui redevint le présent et l’ancien Versailles reparut « pimpant, coquet et joyeux ». Les deux octogénaires se prirent à parler comme si la vieille monarchie française eût été là, vivante à leurs yeux : chacun se tut et écouta.

Louis XV était le roi de cette étonnante féerie : amoureux de madame de Brionne, il n’obtint d’elle qu’une tendre amitié, mais quel souvenir elle en avait gardé ! Comment ne pas pardonner quelques faiblesses au héros de Fontenoy, si beau, si séduisant ! Elle lui passait la duchesse de Chateauroux, peut-être même la Pompadour : quant à la Du Barry, le prince osait à peine articuler son nom avec une nuance d’embarras très marqué[1].

La comtesse ne manqua pas de rappeler le coup de panier donné par la duchesse de Grammont à madame Du Barry. Puis ils parlèrent de Chanteloup et du duc de Choiseul, comme s’ils y eussent soupé la veille. Il fut décidé que si le duc n’eût pas été chassé par la cabale du duc de la Vauguyon, qui faisait croire au roi que M. de Choiseul avait empoisonné le dauphin, il serait

  1. Le prince, après la retraite de la Du Barry à Luciennes, avait été fort avant dans ses bonnes grâces.