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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/409

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

parole, les larmes l’aveuglaient et l’empêchaient de regarder la jeune femme. Elle l’entraina rapidement dans l’appartement qui lui était destiné, l’attira sur ses genoux comme elle eût fait d’un bébé et la couvrit de baisers. « Il y a si longtemps… si longtemps !… » disait-elle d’une voix entrecoupée par les sanglots, sans pouvoir ajouter autre chose. Quand l’émotion du premier moment fut calmée, elle éloigna tout à coup sa fille d’elle, en la prenant par les deux mains, puis lui ôtant vivement sa pelisse, son chapeau et jusqu’à son peigne, elle fit tomber ses longs cheveux blonds sur les épaules et la fit marcher, tourner et retourner en tout sens. Sidonie se prêta de la meilleure grâce du monde à cet examen et lui dit en souriant : « À présent, maman, c’est à vous de faire de moi votre vraie fille, il faut m’aider à acquérir tout ce qui me manque. » Puis elle ajouta : « Voyez, maman, j’ai appris à faire la révérence à la française. Est-ce bien comme cela ? » et elle fit une profonde révérence. « Oui, mon enfant, mon unique enfant, vous êtes ce que j’aime le plus au monde, — dit Hélène en l’embrassant tendrement, puis elle ajouta gaiement, — après mon mari, cependant, car je dois-vous donner le bon exemple. »