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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/426

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

naire ; mais d’entretenir dans le cœur d’une femme un sentiment qui ne peut être payé que par le retour, d’avoir un attachement suivi pour une créature méprisable et de la mettre au même rang si ce n’est au-dessus de celle qui t’a prouvé tant d’attachement, de constance et de patience, enfin se jouer de l’aveuglement où tu la plonges, cette conduite serait indigne d’un honnête homme. Un aveu serait même le seul remède à mes maux, car l’espérance détruite, l’amour ne tarde pas à l’être et la fausseté ne servirait qu’à te faire passer ta vie dans la gêne, et m’ôter le seul moyen de guérir la blessure de mon cœur.

» Si, comme tu me l’as juré, tout cela est faux, alors je te plains autant et plus que moi-même. Tu as dû ressentir mon chagrin et ce n’est pas trop de toute ma tendresse et de toute ma confiance pour d’en consoler. Songe qu’il est encore temps de choisir, ou de vivre pour moi, ou de vivre pour tes passions, car je te fais assez d’honneur pour croire que si celle-là existe elle ne sera pas la dernière, mais il est juste de ne pas me laisser me repaître d’un bonheur imaginaire et de m’aider à recouvrer la liberté, que je te rends ; sincérité, c’est tout ce que je demande si tu es dans ton tort !… »