Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
446
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

ce qu’il croyait, fort heureux de cette marque de confiance. Il se trompait : le duc avait arrangé pour cette nuit même un rendez-vous avec sa maîtresse, qui était alors mademoiselle Virginie Le Tellier, « danseuse de l’Opéra, jolie comme un ange et bête comme un chou ».

Très contrarié de l’incident, le prince se promenait de long en large dans son appartement : il s’arrêta tout à coup et dit au maréchal Oudinot, qui était auprès de lui : « Monsieur le maréchal, cela m’ennuie fort de rester ici. » Le maréchal s’inclina sans répondre. Le duc prit ses deux mains, et parlant rapidement, comme quelqu’un qui ne veut pas être interrompu, il ajouta : « Mon cher maréchal, je vous confie le commandement que le roi m’a donné, je ne puis le remettre entre de meilleures mains ; pas un mot, je pars pour Paris. »

Lorsque le prince fut parti, le maréchal, de mauvaise humeur, dit au commandant de la garde nationale, qui était aussi dans la chambre : « — Savez-vous, commandant, que c’est fort ennuyeux ce que vient de faire le duc de Berry ; je voulais précisément revoir ma femme cette nuit ; demain nous avons l’entrée dans Paris, impossible de la voir. Ma foi, il faut que vous preniez