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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/486

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

mande lorsqu’il vint à Paris couronner Bonaparte, qui devait alors payer ce service.

» L’empereur Alexandre est parti hier. Le roi de Prusse part aujourd’hui, et l’empereur d’Autriche, mon voisin, a ses voitures toutes emballées ; il ne tardera pas à suivre les autres.

» Nous allons être abandonnés à nous-mêmes ; je ne sais encore ce qu’on fera de la France, car le traité de paix n’est point signé. Chacun voit avec assez d’indifférence ce qui arrivera, même si l’on partage la France. Les Parisiens, rassurés sur leurs propriétés, se divertissent ; les spectacles et les promenades, tout est rempli de monde, et pourvu que leur maison ne risque rien, cela leur est égal de dépendre des Russes, des Autrichiens, des Anglais ou des Prussiens.

» On est occupé à descendre les chevaux antiques qui étalent sur l’arc de triomphe des Tuileries. L’empereur d’Autriche les redemanda au nom des Vénitiens. On a cassé, en les descendant, un petit morceau du harnais, le peuple s’est jeté dessus et on se l’est partagé. Nossarzewski m’en a apporté un petit morceau.

» Les soldats autrichiens cernaient tout le Carrousel pendant cette opération et on avait braqué sept canons, mèche allumée, sur la place. »