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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/68

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

les communications étaient coupées avec l’Ukraine et aucune lettre ne parvenait à destination, sauf quelques dépêches portées par des cosaques, mais encore avec une grande difficulté. C’est par ce dernier moyen que le comte Vincent apprit la terrible nouvelle, qu’il dut cacher pendant quelques jours à sa femme.

Hélène venait d’accoucher, et une pareille révélation pouvait avoir des suites dangereuses. Il fallut cependant l’instruire de la vérité sans lui en donner les horribles détails qu’elle apprit plus tard. En perdant son oncle, Hélène perdait le dernier membre de sa famille ; elle éprouva un violent chagrin mêlé de remords. Elle repassa, dans son esprit les marques de tendresse que le prince-évêque lui avait prodiguées dès son enfance, sa sollicitude pour son éducation, ses préoccupations paternelles lorsqu’il s’était agi de la marier, sa générosité pour la doter, l’indulgence et l’appui qu’elle avait trouvés près de lui après la folle équipée qui lui avait fait quitter Varsovie, et enfin les marques d’affection qu’elle venait encore d’en recevoir.

Pour la première fois, Hélène se demanda avec un certain effroi si, en dehors de sa passion pour son mari et pour ses enfants, elle avait