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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/91

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

suis pas fait dire deux fois, j’ai vite sauté dans ma voiture pour aller chez Rœder où l’appartement ne brille pas par la propreté ; il a pourtant un charme pour moi infini, je m’y sens plus gaie, plus contente. On m’a remis tes lettres, quel bonheur ! avec quelle avidité je les ai lues ! Oh ! tu as bien raison de m’appeler ta meilleure amie. Crois que rien n’égale l’amour que j’ai pour toi…

» Je suis de bien mauvaise humeur, mon cher Vincent, bien triste, quand je pense au terrible voyage que j’ai devant moi. Il me semble que je ne pourrai jamais arriver. Ah ! que je suis fâchée à présent de ton voyage de Pétersbourg. Mille difficultés s’élèvent à chaque instant dans ma pensée, et me font craindre que nous n’ayons que du désagrément. La difficulté d’avoir audience, les intrigues de la Grande-Chambellane me reviennent dans l’esprit ; enfin je vois tout en noir. Je souhaite que tout cela vienne de la mauvaise disposition où je suis et non pas d’un pressentiment…

» Tu es né heureux ; mais moi je te porte malheur et cette idée est affreuse. Si je ne l’avais pas connu, si je nc t’avais pas aimé, la Grande-Chambellane ne t’aurait pas tracassé, chagriné,