Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

comumit une grande faute de laisser la classe sans maîtresse dans ce moment-là. Mortemart[1] monta sur la table et dit : « Que toutes celles qui ont du vert aient à le montrer ! » Alors chacune le montra et celles qui n’en avaient pas prièrent les autres de leur en donner. Voyant notre parti aussi nombreux, Mortemart dit qu’il fallait nous retirer de la classe, et n’y revenir qu’à des conditions aussi avantageuses qu’honorables. On décida donc qu’on traverserait le jardin, qu’on s’emparerait des cuisines et garde-manger et qu’on réduirait ces dames par la famine.

» Nous traversâmes donc le jardin et fûmes au bâtiment des cuisines. Ce bâtiment n’a qu’un étage, dans cet étage est la cellérerie, la boucherie et la boulangerie. Les cuisines sont souterraines. Nous entrâmes d’abord dans la cellérerie, où nous ne trouvâmes que madame Saint-Isidore et sœur Marthe. Nous les priâmes fort poliment de sortir ; elles furent si effrayées de nous voir, qu’elles s’en allèrent tout de suite. La boucherie et la boulangerie étaient fermées. Nous nous proposâmes de les forcer, ensuite nous descendîmes

  1. Mademoiselle de Mortemart était la nièce de madame de Rochechouart. Elle épousa en 1777 le marquis de Rougé. (Bibliothèque nationale. Cabinet des titres.)