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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/111

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

marquis de Mesme. Nous l’entourâmes toutes pour lui faire cent questions. Elle avait à peine douze ans, elle devait faire sa première communion dans huit jours, se marier huit jours après et rentrer au couvent[1]. Elle était si excessivement mélancolique, que nous lui demandâmes si son futur ne lui plaisait pas ; elle nous dit franchement qu’il était bien laid et bien vieux ; elle nous dit aussi qu’il devait venir la voir le lendemain. Nous priâmes madame l’abbesse de permettre qu’on nous ouvrit l’appartement d’Orléans, qui avait vue sur la cour abbatiale, pour que nous voyions le futur mari de notre compagne, on nous l’accorda.

» Le lendemain, à son réveil, mademoiselle de Bourbonne reçut un gros bouquet et, l’après-midi, M. d’Avaux vint. Nous le trouvâmes comme il était, abominable ! Quand mademoiselle de Bourbonne sortit du parloir, tout le monde lui disait : « Ah ! mon Dieu, que ton mari est laid ! si j’étais de toi, je ne l’épouserais pas. Ah ! la malheureuse ! » Et elle disait : « Ah ! je l’épouserai, car papa le veut : mais je ne l’aimerai pas, c’est une chose sûre. »

  1. L’usage de ces mariages était fréquent à cette époque. Voir celui de madame de Maupeou (Jeunesse de madame d’Épinay).